« Ça cause des accidents terribles ! Souvenez-vous Tchernobyl »
C’est ce qu’on entend toujours. La question qu’il faut se poser, c’est par rapport à quoi ?
❌Contrairement à une idée reçue, le nucléaire est une source d’énergie très sûre.
👉 Il cause 4 fois moins de décès que les ruptures de barrages hydrauliques,
👉 600 fois moins que le pétrole (accidents de raffineries et pollution atmosphérique)
👉 et même 25% de moins que les éoliennes.
(Source : Our World in Data ↓).
Un peu comme on médiatise beaucoup les crashs aériens qui font 300 morts d’un coup, mais qui sont infiniment moins fréquents que les accidents de la route, on se souvient beaucoup des accidents nucléaires en oubliant les accidents comme AZF, les ruptures de barrages hydrauliques ou les +200.000 morts par an en Europe rien qu’à cause des particules fines des énergies fossiles. Imaginez que le nucléaire cause 200.000 morts par an, ce serait sans doute la révolution !
Il faut distinguer danger et risque
L’électricité qui court dans les murs de nos maisons est dangereuse (et même mortelle) mais le risque est faible car circonscrit par les normes de construction de la maison, les protections des différentiels, …
Un tigre est dangereux. Mais au zoo en cage, le risque est faible.
Pour le nucléaire c’est la même chose : le risque zéro n’existe pas, mais comparativement aux autres énergies, il est de loin le plus faible.
Mais Tchernobyl et Fukushima ?
D’abord Tchernobyl c’était une technologie très différente (RBMK) avec un risque d’emballement en cas de perte du réfrigérant. Nos réacteurs français (REP) s’éteignent naturellement s’ils perdent le réfrigérant.
Ensuite, même en tenant compte des morts de Tchernobyl, ça reste insignifiant versus les morts des énergies fossiles (cf. graphe précédent). Le bilan de Tchernobyl c’est 28 morts (soit en gros ce que tue la pollution aux particules fines due aux énergies fossiles chaque jour en Europe) et 6.000 cancers qu’on aurait pu éviter, car on n’aurait jamais dû donner du lait contaminé à la population et notamment aux enfants.
Deux études menées par l’équipe de Stephen Chanock, directeur de l’institut national du cancer aux États–Unis ont été publiées récemment dans la revue Science. La première estime que les personnes contaminées il y a 35 ans par la catastrophe nucléaire n’ont pas transmis plus de mutations génétiques à leurs descendants que d’autres. La deuxième étude s’est penchée sur la façon dont se sont formés les cancers de la thyroïde, là encore les chercheurs n’ont pas trouvé de biomarqueurs précis des cancers induits par les radiations.
Enfin, le bilan de Fukushima, c’est 0 morts, 0 cancers 10 ans après et probablement 0 cancers à terme. 😲😲😲 Voir à ce sujet le rapport de l’UNSCEAR, l’équivalent du GIEC pour les radiations. Le rapport est élaboré par 52 experts indépendants venant de 27 pays, et se base sur les preuves scientifiques les plus solides, et le suivi de +600.000 personnes sur 10 ans. La conclusion du rapport c’est qu’on cause plus de tort en stressant les gens et en les évacuant en urgence et dans la panique (page 201 du rapport), qu’à cause des radiations.
En effet, à Fukushima c’est le tsunami et les mouvements de panique qui ont causé 2.000 morts. Le nucléaire, c’est un problème local à gérer, mais il n’a pas causé de morts.
OK, POUR L’INSTANT, mais que dire des déchets qui vont rester radioactifs pendant longtemps ?
En réalité les déchets nucléaires sont plutôt “sympas” :
- 95% est de l’uranium réutilisable
- Seuls 4% sont compliqués à gérer, soit l’équivalent en volume d’un appartement de 3 pièces chaque année)*. Voir ici pour plus de détails.
- on sait très bien quoi en faire (on les vitrifie et on les stocke profondément, on en parle plus bas).
- ils sont à dangerosité décroissante (alors que les métaux lourds rejetés par les industries sont toxiques à vie : mercure, plomb, cadmium…).
- à l’état solide (ne se dispersent pas dans toute l’atmosphère comme les gaz à effet de serre),
- et avec un excellent “trackrecord” (zéro mort par an à cause de leur manipulation, ce n’est pas le cas des autres industries).
La France a décidé de stocker ces déchets à Bure (projet Cigéo). C’est un projet de stockage géologique profond. En gros, on met les déchets à 500 mètres de profondeur, dans un espace qui n’a connu aucun séisme depuis au moins 60 millions d’années, après avoir vitrifié les futs. Cigéo présente plusieurs avantages majeurs :
- Sécurité à long terme : Cigéo stocke les déchets dans des couches géologiques profondes, stables, asismiques et non sujettes aux activités volcaniques, garantissant ainsi leur confinement et leur isolement pendant des milliers d’années.
- Réversibilité : Le projet intègre une phase pilote de réversibilité pendant plusieurs dizaines d’années, ce qui signifie que la possibilité de récupérer les déchets est envisagée avant la fermeture définitive du site.
À noter : une fois vitrifiés, on peut s’approcher des déchets nucléaires sans souci. On peut même les visiter et marcher dessus.
Vous pouvez creuser le sujet en voyant cette vidéo du Reveilleur sur le stockage profond.
En passant des fossiles au nucléaire, on passe d’une pollution expédiée dans l’atmosphère, mortelle à court et moyen terme, à une pollution longue mais stockée, gérée et causant 0 mort par an.
* Voici sur le vieux port de Marseille pour comparaison, le volume que représentent la TOTALITÉ des déchets de haute activité produits en 60 ans :
En cas de canicule/sécheresse, il y a un risque de sécurité pour les centrales !
❌Non. Pendant les canicules il n’y a pas de gros problème d’un point de vue SÛRETÉ (on s’assure quand même que les algues ne bouchent pas les tuyaux d’eau et qu’il ne fasse pas trop chaud dans la centrale). Ce sont surtout nos normes environnementales qui font qu’on ne veut pas rejeter de l’eau trop chaude dans les fleuves. On réduit alors la puissance de certaines des centrales concernées. (Voir ce rapport RTE qui montre qu’on parle d’une perte de 1% sur l’année… à comparer aux pertes des autres sources d’énergie (vent, hydro, PV, etc. à cause de la météo)).
Et surtout…les autres énergies sont également impactées ! Les barrages sont parfois mis à l’arrêt, la puissance des panneaux PV décroit, … En 2022, le Portugal a dû arrêter des barrages (septembre), ainsi que la Californie (août) et bien d’autres.
Conclusion
- Si on ne veut pas de nucléaire, il faut choisir une autre source d’électricité à la place, et toutes les autres sont plus mortelles – et plus chères ! Les déchets nucléaires sont très loin d’être notre plus gros problème actuellement face au péril climatique et à l’effondrement de la biodiversité.
- Le climat, c’est compliqué. On pense savoir mais “le bon sens” est trompeur. Pour cela, n’hésitez-pas à organiser une conférence ou un climatelier dans votre organisation, pour en apprendre plus sur le sujet !
Pour creuser
Voir cette vidéo du Réveilleur sur les déchets nucléaires.
PS : au fait, personne n’a jamais dit que le nuage s’était arrêté à la frontière ! Voir ce démenti et ces explications.