La voiture électrique, vraiment mieux pour la planète ? OUI !

On entend tout dire sur la voiture électrique : problèmes de batterie, de recharge, de prix, pas forcément plus écolo que la voiture thermique… mais on entend surtout dire des âneries. Le point sur les principaux clichés qui nous sont remontés pendant nos conférences, en se basant sur la science.

1. Les batteries posent problème !

C’est plein de métaux rares (eh non)

Contrairement à ce qu’on entend souvent, il n’y a pas de terres rares dans les batteries Lithium-ion des véhicules électriques, c’est-à-dire la quasi totalité de ces véhicules. Voir cette note technique de l’ADEME qui l’explique, et qui conclut « Les terres rares n’entrent pas […] dans la composition de ces batteries ».
Pourquoi, dès lors, a-t-on cela en tête ? Car ce n’était pas le cas des tout premiers véhicules, équipés avec des batteries NiMH (et encore, il s’agissait surtout de véhicules hybrides). L’époque est révolue, mais les clichés ont la peau dure. 

Les quelques terres rares qui restent sur un véhicule électrique sont les mêmes que sur un véhicule thermique : il y en a dans les petits moteurs des accessoires (lève-glace, essuie-glace…).

À vrai dire, il y a beaucoup plus de terres rares…dans les véhicules thermiques, notamment pour la fabrication de leurs pots catalytiques (qui sont absents des véhicules électriques puisqu’ils n’ont pas de pot d’échappement).

Ce n’est pas recyclable (eh si)

Là encore, il s’agit d’une idée reçue, car les batteries Li-ion sont recyclables. Et fort heureusement, puisque la loi l’impose (Directive européenne 2006/66/CE et article R543-130 du code de l’environnement en France). Actuellement la plupart des constructeurs revendiquent 70 à 90% de recyclage sur les matériaux critiques comme le lithium, le cobalt, le nickel ou le cuivre. La Commission européenne a d’ailleurs proposé d’établir des objectifs concernant la teneur en matériaux recyclés dans les batteries mises sur le marché en Europe.

On peut parfois lire un chiffre qui semble contradictoire : seulement 5 % des batteries seraient recyclées… Mais c’est parce que pour être récupérées et recyclées, il faut que les batteries arrivent en fin de vie. Ce qui n’est pas encore forcément le cas puisque les véhicules électriques émergent tout juste. Or les durées de vie de ces batteries sont relativement longues : Renault revendique 8 à 15 ans, Tesla garantit ses batteries 8 ans, …

Ça prend feu, il parait ! (plutôt moins, en fait)

Tesla revendique 11 fois moins d’incendie que les voitures thermiques.
En 2021, 6.5 millions de véhicules ont été rappelés pour un risque de prendre feu à tout moment… aucun n’était électrique… 🤐

C’est fabriqué par des enfants !

Il y a effectivement un sujet sur la production de toutes les batteries (y compris celles de nos PC, smartphones, etc.) dans certains pays ne respectant pas les droits de l’Homme. Pour les batteries des véhicules électriques, c’est surtout le cobalt et le lithium qui font parler d’eux, bien qu’ils ne correspondant qu’à moins de 10% du poids de la batterie.

Il est à noter que certains constructeurs, à l’instar de Tesla, ont annoncé qu’ils abandonnaient l’usage du cobalt dans leurs batteries. Et le lithium sera vraisemblablement abandonné pour passer au sodium, un métal abondant et peu cher. CATL (premier fabricant mondial) a dévoilé ses premières batteries sodium en 2021, et depuis une partie des véhicules Renault, mais aussi Tesla, Hyundai et BMW sont déjà équipés.

2. Nous ne produirons jamais assez d’électricité (eh si !)

RTE a déjà étudié le sujet et conclu qu’il n’y aura aucun problème : « Du point de vue de la sécurité d’approvisionnement, RTE estime que la consommation d’énergie liée au développement du véhicule électrique ne devrait pas excéder 48 TWh, soit 10% de la consommation française. Ce niveau de consommation n’impacte pas la sécurité d’approvisionnement en électricité de la France. Les périodes de forts déplacements, comme les vacances scolaires ou les départs en week-end, ne constituent pas un motif d’inquiétude. Les pointes de consommation en électricité du soir peuvent, quant à elles, être atténuées grâce à la mise en place solutions simples de pilotage

3. Ce n’est pas toujours plus écolo (alors si !)

S’il y a bien un point qui ne cause plus aucun débat parmi la communauté scientifique, c’est bien celui-là. Il n’y a plus guère qu’au café du commerce qu’on considère que le véhicule électrique, ce n’est pas si écolo que ça. En effet, on ne compte plus les études qui ont analysé et comparé les émissions de gaz à effet de serre des voitures thermiques et des voitures électriques. Pour cela, il faut prendre l’ensemble des impacts depuis la production du véhicule jusqu’à sa fin de vie en passant par leur usage et leur entretien. On appelle cela des analyses de cycle de vie (ACV). 

En France, les émissions sont de l’ordre de 2 à 5 fois plus faibles pour la voiture électrique que pour la voiture thermique. Voici l’extrait d’un résumé de 10 études différentes sur le sujet

Comparatif Thermique - electrique en france

La même conclusion s’applique dans quasiment tous les pays du monde, même lorsque le mix électrique est très carboné. En effet, le rendement du moteur thermique étant très mauvais (de l’ordre de 30 à 35%), ce dernier « perd » en chaleur environ 70% de l’énergie qui lui a été apportée sous forme de diesel ou d’essence. Le rendement du moteur électrique étant excellent (environ 90%), ainsi que de la batterie (également 90% environ), il faut 2 à 3 fois moins d’énergie primaire pour la même quantité de kilomètres parcourus. Donc même lorsque cette énergie est d’origine fossile (par exemple quand on produit l’électricité avec beaucoup de charbon), le match est souvent gagné par l’électrique. Carbone 4 a fait les calculs et mis à part une poignées de pays dans le monde, il vaut mieux rouler en électrique dès à présent.

Comparaison Carbone 4

4. Et l’autonomie ? Comment partir en vacances ?

Le réseau de bornes de recharges rapide s’étoffe bien plus rapidement que notre capacité à actualiser notre opinion sur le sujet. À ce jour, presque 100% des aires de stations services sur autoroute sont équipées. En 2022, il y avait 10 fois plus de bornes rapides en France qu’en 2014.  Le réseau va continuer à s’étoffer à vitesse grand V puisque le gouvernement a fixé un objectif de quadrupler le nombre de points de charge pour atteindre 400.000 bornes d’ici 2030. Sur le reste du territoire européen, ce sera à peu près la même chose puisque l’Union européenne a un plan pour installer des bornes rapides partout, payables par carte bancaire.

Ces bornes rapides permettent de recharger à 80% les batteries en 15 à 20 minutes, soit le même temps qu’une pause café. Ce qui fait qu’un trajet grande distance prend désormais le même temps qu’en thermique. Voir cette comparaison pour un trajet de 6 heures entre le siège de Purple Pepper et Lille, soit presque 600km. À gauche : le trajet en thermique : 5h50 et 15 minutes de pause café = 6h05 de route. À droite en électrique : 6h11 de route, incluant deux petites pauses de 12 et 8 minutes respectivement. 
Pour l’électrique, le véhicule utilisé était une Tesla Model Y, rechargée sur des superchargeurs Tesla. À noter : les superchargeurs sont désormais ouverts aux autres marques, il n’est donc plus nécessaire de rouler en Tesla pour profiter de ces charges super rapides.

Le trajet en thermique

Le trajet en thermique : 5h50 et 15 minutes de pause café = 6h05 de route.
Source : mappy

Le trajet en électrique

Le trajet en électrique : 6h11 de route, incluant deux petites pauses de 12 et 8 minutes respectivement. 
Source : Chargemap, Tesla Model Y

 

5. Le prix est un problème !

Une nouvelle fois, les clichés ont la vie dure. Le prix d’achat des véhicules électriques fait l’objet d’aides gouvernementales, ce qui les rend de nos jours aussi abordables que le thermique pour bien des modèles.

Voici ci-dessous un comparatif entre quelques véhicules, aides gouvernementales déduites, à la date du 26/07/2023. On ne peut plus dire que le véhicule électrique n’est pas abordable. 

 

Les véhicules électriques ne sont plus hors de prix

D’autre part le coût à l’usage est bien plus faible (le plein coûte en moyenne 4 fois moins cher*, et il n’y a pas quasiment aucun entretien (adieu vidange, changement de filtre à carburant, remplacement du liquide de refroidissement, de la courroie de distribution, de l’alternateur, du démarreur, etc.). Quand on sait que l’entretien d’un véhicule thermique coûte en moyenne 500€/an, soit 7.500€ sur 15 ans, il y a de quoi réfléchir !

Une étude de 2022 montre que le TCO (Total Cost of Ownership, c’est-à-dire le coût total que représente une voiture, incluant l’achat, le carburant ou l’énergie, l’entretien, l’assurance, etc.) est favorable à l’électrique sur tous les segments de voiture en France

 

Capture de l’étude Leaseplan

*hypothèses de calcul : kWh à 20c€ en recharge à domicile, consommation 15kWh/100km, soit 3€ aux 100km pour l’électrique, à comparer au thermique : 2€/L de carburant, consommation 6L/100km, soit 12€ aux 100km.  

6. La vraie solution, c’est l’hydrogène (plutôt non pour les véhicules légers)

L’hydrogène doit être produit. Aujourd’hui il est produit à 99% à partir d’énergies fossiles, et demain il sera essentiellement produit à partir d’électricité – qu’il faudrait bas carbone. Il est donc bien plus efficace d’injecter cette électricité directement dans un moteur électrique, plutôt que de passer par les étapes intermédiaires de production d’hydrogène, stockage, puis combustion dans une pile à combustible, qui rajoutent toutes des pertes, causant in fine un rendement très faible. C’est la raison pour laquelle tous les experts s’accordent à dire que l’hydrogène est particulièrement inefficace pour les véhicules légers, qu’on peut électrifier directement, et qu’il faudra le privilégier pour les transports lourds. Voir la note de Polytechnique à ce sujet.

7. J’ai lu beaucoup d’infos contradictoires

Il existe effectivement de nombreuses personnes qui, volontairement ou non, racontent n’importe quoi sur le sujet. La presse française n’étant pas nécessairement au niveau pour analyser et contredire, nous nous retrouvons dans ce que Bon Pote dénonçait comme « un océan de Fake News« .

Du grand n’importe quoi

La plupart de ces fausses informations sont l’apanage de quelques climato-sceptiques notoires, souvent les mêmes, relayés par une presse mal informée et parfois complaisante. C’est dommage car cela :

  • ralentit la progression de l’électrique, au détriment des véhicules utilisant les énergies fossiles… dont nous devons pourtant nous débarasser…
  • nous fait perdre un temps et une énergie colossaux, alors que nous devrions tous nous tourner vers le même objectif : décarboner pour tenter de rester dans les conditions d’un monde vivable.

Rappelons la conclusion que tirait le GIEC dans son volet 3 : « Les véhicules électriques alimentés par de l’électricité bas-carbone offrent le principal potentiel de décarbonation des transports terrestres, en analyse de cycle de vie ».

En conclusion, le climat, c’est compliqué. On pense savoir mais “le bon sens” est trompeur. Pour cela, n’hésitez-pas à organiser une conférence ou un climatelier dans votre organisation, pour en apprendre plus sur le sujet !